Endométriose et ostéopathie
Connue depuis l'antiquité mais définie en 1860 par le Docteur Karl Von Rokitansky, cette pathologie gynécologique est encore trop méconnue. Cet article a pour but de lever le voile sur cette maladie dont souffre une multitude de femmes.
Qu'est-ce que l'endométriose ?
L’endométriose est une affection gynécologique qui touche environ 1 femme sur 10. Cette maladie est liée à la prolifération anormale de tissu endométrite, similaire à la muqueuse utérine car elle-même constituée d'endomètre. Cette prolifération anarchique de tissu peut se loger dans le corps de l'utérus, les ovaires, les trompes mais aussi en dehors, sur d'autres organes. Cliniquement, cela se traduit par des douleurs notamment en période de règles pouvant être très importantes. L'endométriose est une des principales causes d'infertilité.
Les hommes et l'endométriose ?
Les hommes ne sont touchés par l'endométriose que très rarement. Les cas retrouvés dans les études montrent que la cause serait en lien avec la théorie des restes embryonnaires : lors du développement embryonnaire, les structures féminines régressent lorsque l’embryon devient masculin mais dans certains cas il y aurait des restes embryonnaires pouvant être à l’origine de l’endométriose chez les hommes.
L'endométriose : différents types :
On ne parle pas d'une mais de plusieurs endométrioses :
- Endométriose pelvienne
- Endométriose ovarienne
- Endométriose profonde avec infiltration de la vessie, du rectum et/ou des uretères
- Endométriose extrapelvienne (pariétale, thoracique, diaphragmatique)
La physiopathologie de l'endométriose
L'endomètre est une des couches de l'utérus. Tout au long du cycle, cette couche va s'épaissir pour se détacher et s'évacuer au 28ème jour (environ) du cycle, c'est-)à-dire au moment des règles. En réalité, les règles correspondant à des bouts d'endomètre évacués.
Dans l'endométriose, au lieu de s'évacuer pendant les règles, des parties de l'endomètre migrent au niveau des trompes ou des ovaires ou encore dans l'abdomen. Certains parlent de menstruations rétrogrades.
Le problème est que lors du prochain cycle menstruel, ces bouts d'endomètre vont réagit exactement comme l'endomètre utérin. C'est-à-dire qu'ils vont s'épaissir mais en raison de leur situation géographique, ils ne pourront pas être évacuer, et etc, voici le cercle vicieux de l'endométriose...
Les causes de l'endométriose
Les causes de l'endométriose ne sont pas complètement identifiées. Dans cette rubrique, il ne s'agit que de pistes :
Menstruations rétrogrades
Il semblerait, comme décrit plus haut, que lors des règles, l'endomètre ne s'évacue pas complètement et migre vers d'autres régions (trompes, ovaires ou cavité abdominale). Les études montrent toutefois que seules 10% des femmes qui présentent ce type d'endométriose développeront de l'endométriose.
Traumatisme
Les études mettent en lien le développement de l'endométriose avec les violences subies pendant l'enfance :
- Les violences subies dans l'enfance augmentent de 20% le risque de développer de l'endométriose.
- Si ce sont des violences d'ordre sexuel, le risque est augmenté de 50%
- Plus ces violences sont élevées et intenses, plus le risque est accru...
Autres
- L’utilisation des tampons ? Aucune étude ne le montre pour le moment.
- Vaccin ? Aucune étude ne le montre actuellement.
Facteurs environnementaux
Les perturbateurs endocriniens perturbent le système hormonal et immunitaire qui peut être une des causes.
Origine embryonnaire
C'est la théorie des restes embryonnaires. Des recherches ont découverts des résidus d'endomètre chez des foetus humains.
Alimentation
- La consommation de légumes verts et de fruits diminue le risque de développer l'endométriose ainsi que de nombreuses autres pathologies.
- La consommation de viande rouge accroît les risques.
Tabac
Le tabac, contre toute attente, a un effet bénéfique sur l'endométriose puisqu'il inhibe la production d'hormones. Cependant :
- La consommation de tabac augmente le risque de développer d'autres pathologies.
- L'exposition pendant l'enfance au tabagisme passif accroît le risque de développer de l'endométriose.
Les symptômes de l'endométriose
Les symptômes ne signent pas la gravité de la pathologie. Certaines femmes présentent des douleurs atroces et sont à un stade peu avancé et d'autres ne présentent presque pas de douleur et sont à un stade très avancé.
La douleur
- Douleurs pelviennes chroniques parfois très violentes
- Dysménorrhées : douleurs en lien avec les règles. L’endomètre est un tissu sous l’influence des hormones sexuelle féminines. Le cycle menstruel va entraîner une prolifération anarchique du tissu endométrial, des lésions et saignements à l'origine de douleurs.
- Douleurs en dehors des règles
- Dyspareunie : douleurs pendant le rapport sexuel. Ces douleurs peuvent être fonction des positions.
- Dysurie : douleurs à l’évacuation d’urine
- Dyschésie : douleurs à l'évacuation des selles
L'infertilité
De nombreux éléments restent à découvrir que l'endométriose et l'infertilité. Voici les pistes qui ressortent des études :
- La prolifération anarchique du tissu endométrial forme une barrière mécanique à la fécondation. Ce tissu peut par exemple boucher les trompes.
- Des gènes anormaux peuvent être à l'origine d'utérus hostile à l'implantation d'un embryon, selon les études.
Pas de symptômes
L’endométriose est souvent asymptomatique ce qui signifie que l'on peut souffrir d'endométriose et n'avoir aucun symptôme. On peut donc être atteinte sans le savoir. L'endométriose est alors découverte par hasard lors d'un examen médical comme par exemple dans les bilans pour l'infertilité.
Saignements
Comme expliqué plus haut, l'endomètre prolifère sous l'influence des hormones. Ainsi chaque morceau d'endomètre ectopique peut proliférer et ainsi provoquer des saignements parfois en dehors des règles.
Fatigue chronique
Ne serait-ce que parce qu'avoir mal tout le temps est très fatiguant.
Troubles intestinaux
Les examens complémentaires de l'endométriose
Le diagnostic est posé grâce à l'interrogatoire et l’examen clinique gynécologique ainsi que grâce à des examens complémentaires. Dans les différents examens possibles, on retrouve :
- Echographie endo-vaginale
- IRM pelvienne voire abdomino-pelvienne
- Endoscopie :
- Coelioscopie
- Hystéroscopie
- Cystoscopie
- Echographie endo-rectale
- Coloscopie
- Fertiloscopie
L'endométriose et ses pathologies associées
- Certains cancers : chez les patients atteintes d'endométriose, le risque de cancer de la thyroïde ou de l'ovaire est légèrement accru. Mais seulement de 1% pour le cancer de l'ovaire. Il n'y a pas de risque accru pour les cancers du sein et de l'utérus.
- Polyarthrite rhumatoïde
- Lupus
- Pathologies cardiovasculaires
- Maladie caeliaque
- Maladie de basedow
- MICI
- Recto colite hémorragique
- Asthme
Les traitements de l'endométriose
- Traitement hormonal
- Traitement chirurgical : dans certains cas, il est nécessaire de procéder à l'ablation du tissu endométrial par chirurgie (coelioscopie en général). Cela peut être utile dans les cas de procréation ou de douleurs. Malheureusement, la prolifération continuera...
- Alimentation alcaline : les aliments basiques sont à préivilégier. Les plats transformés et le gluten sont à éviter.
- L'ostéopathie
- Autres : yoga, méditation, acupuncture, sophrologie, relaxation, etc
L'ostéopathie et l'endométriose
Votre ostéopathe ne peut malheureusement pas avec ses mains traiter la maladie d'endométriose en elle-même. Toutefois, il permet d'apporter du soulagement et d'améliorer l'autonomie de la patiente.
Grâce à un ensemble de techniques indolores, votre ostéopathe va faire son maximum pour optimiser le fonctionnement du corps malgré les lésions.
La structure gouverne la fonction, et la fonction gouverne la structure
Dans les cas de désir de grossesse, le rôle de votre ostéopathe va être de lever toutes les dysfonctions mécaniques pour optimiser la fonction du corps et notamment du petit bassin.
Où en est la recherche sur l'endométriose ?
Actuellement des études se portent sur l'utilisation d'ultrasons à haute fréquence et de l'usage de l'Elagolix. Cette substance est un antagoniste de la GnRH et les récentes études ont mis en évidence une diminution des douleurs pelviennes et de l’épaisseur de l’endomètre après 6 mois de traitement.
Marie Messager
Ostéopathe D.O
Spécialisée en gynéco-pédiatrie
2 rue Alexis de Tocqueville
78000 Versailles