Place de la thérapie manuelle chez les patientes atteintes d’endométriose : Revue de la portée - Introduction
1.1 Endométriose
D’après la Haute Autorité de Santé : « La définition de l’endométriose est histologique. Elle est définie par la présence de glandes ou de stroma endométrial en dehors de l’utérus. » (1). Elle se classe en plusieurs stades, selon le système de notation de l'American Society for Reproductive Medicine (2) :
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les stades minime et léger représentent une implantation des cellules endométriales au niveau du péritoine (la membrane recouvrant la cavité abdominale) et les lésions sont petites : moins de 3 centimètres.
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le stade modéré correspond à un endométriome supérieur à 3 centimètres. L’endométriome représente une tumeur bénigne constituée d'éléments épithéliaux et conjonctifs identiques à ceux de l’endomètre se développant en dehors de l’utérus.
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le stade sévère représente des endométriomes bilatéraux et/ou un effacement complet du cul de sac de Douglas.
A l’échelle mondiale, l’endométriose touche environ 10 % des femmes en âge de procréer et 30 à 50 % des femmes infertiles. Les femmes souffrant de douleurs pelviennes chroniques et de dysménorrhées ont 30 à 80 % de risque d’avoir de l’endométriose et deux tiers des adolescentes avec ces mêmes symptômes (3)(4)(5).
Bien que l’endométriose soit une pathologie de plus en plus connue, il existe encore un très fort sous-diagnostique. On retrouve un retard de 6 à 7 ans entre l’apparition des premiers symptômes et le diagnostic définitif (6). C’est une pathologie très invalidante pour les patientes car elles souffrent de différents symptômes : dysménorrhées, dyspareunies, douleurs pelviennes chroniques ou cycliques, digestives, urologiques, asthénie, infertilité, ... causant souvent une altération de leur qualité de vie. Ces symptômes n’ont aucune corrélation avec le stade de l’endométriose, une patiente peut supporter de très lourds symptômes avec une endométriose de stade minime (7)(8).
Les patientes, atteintes d’endométriose, peuvent recevoir des soins qui ont pour but d’améliorer leur quotidien. Actuellement, les traitements médicaux sont là pour soulager les douleurs des patientes en ayant 2 objectifs : l’arrêt de l’ovulation en abolissant les menstruations et l’obtention d’un milieu stable d'hormones stéroïdiennes. Il existe un grand nombre de traitements médicaux (3) comme les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS), la contraception œstroprogestative, les progestatifs à dose anti-gonotropes, le dispositif intra- utérin (DIU) au Levonogestrel, le Danazol (androgènes de synthèse), les analogies de la gonadotrophine-releasing hormone (GnRH). Les traitements médicaux ont souvent des effets sur les symptômes de l’endométriose à court terme, durant leur prise, mais peuvent devenir délétères à long terme car ce sont des soins lourds avec de nombreux effets secondaires comme : prise de poids, hypertrichose, dépression, ostéoporose, ... Selon le stade de l’endométriose et les symptômes de la patiente, on peut parfois l’orienter vers un traitement chirurgical. Bien que l'effet de la chirurgie sur la douleur soit habituellement temporairement satisfaisant, beaucoup de patientes ont une récidive de leurs douleurs et une patiente sur cinq doit subir une seconde intervention (2). La chirurgie ne semble donc pas le traitement le plus recommandé, très invasive pour la patiente et rien ne certifie que d’autres lésions n’apparaitront par la suite. Certaines études ont aussi prouvé qu’en post-chirurgie, les patientes ont souvent une altération de la vision sur leur propre corps (9). Tous ces traitements sont dits suppressifs car aucune étiologie de la maladie n’est encore connue. À ce jour il n’existe pas de traitement curatif (4). En définitif, les systèmes de soins préconisent aux patientes d’être prises en charge de manière pluridisciplinaire comprenant aussi l’accès à des thérapies manuelles (10).
Enfin, c’est une pathologie très coûteuse pour la patiente et pour les systèmes de soins car c’est une maladie chronique dont le diagnostic est long et qui se fait par de nombreux examens souvent très onéreux (11)(12).
1.2 Thérapies manuelles
La Haute Autorité de Santé oppose la médecine dite conventionnelle, englobant le champ médical, aux médecines complémentaires qui sont dites médecines non conventionnelles. Par exemple, la kinésithérapie se classe dans les médecines conventionnelles alors que l’ostéopathie ou la chiropractie se situe dans les médecines non conventionnelles. Ces dernières se définissent, selon l’académie nationale de médecine, par : « des pratiques pouvant intervenir en plus de soins conventionnels, pour contribuer au bien- être des patients» (13)(14).
Dans ces médecines complémentaires, nous retrouvons les médecines manuelles qui sont des pratiques utilisant seulement les mains dont l’ostéopathie (13). L’OMS définit l’ostéopathie comme « reposant sur l’utilisation du contact manuel pour le diagnostic et le traitement, prenant en compte les relations entre le corps, l’esprit, la raison, la santé et la maladie » (15). C’est une thérapie respectant la relation entre le corps, l’esprit et l’âme dans la santé et la maladie des patients. L’ostéopathie insiste sur l’intégrité de la structure, de la fonction et l’aptitude intrinsèque du corps à son auto-guérison.
Actuellement, les recherches sur les thérapies manuelles et l’endométriose ne sont pas nombreuses, l’état d’avancement des recherches dans ce domaine semble limité. Aussi, certaines études démontrent une efficacité de certains traitements manuels mais demandent un plus large échantillon ainsi qu’un protocole thérapeutique plus rigoureux, afin d’assurer une transmission des connaissances plus appropriée (12).
1.3 Problématique
La maladie de l’endométriose est un sujet d’actualité et concerne de plus en plus de femmes dès l’adolescence. On préconise aux patientes d’être traitées par une approche pluridisciplinaire mais elles sont encore trop peu redirigées vers des thérapeutes manuels (16). Cette étude va permettre de faire une synthèse de toutes les données déjà présentes en thérapie manuelle afin d’informer au mieux sur la pathologie et les traitements complémentaires les professionnels de santé et les patientes atteintes d’endométriose.
Quelle est la place des thérapies manuelles dans l’évolution des douleurs pelviennes chroniques ou cycliques chez les patientes atteintes d’endométriose et dans leur qualité de vie grâce à la thérapie manuelle ?
Athina De Vogel
Ostéopathe D.O
2 rue Alexis de Tocqueville
78000 Versailles