Torticolis congénital du bébé et ostéopathie

Le torticolis congénital touche 16% des nouveaux nés, ce qui fait de lui la 3ème pathologie la plus fréquente chez un bébé sur le plan musculo squelettique.

Le torticolis peut être d’origine postural, musculaire ou osseux et c’est l’examen clinique qui permet d’aiguiller vers le diagnostic.

C’est un torticolis souple c’est-à-dire que même si le bébé a une position préférentielle, le torticolis est réductible, nous pouvons ainsi lui remettre la tête droite. Cependant, le bébé voudra revenir dans sa position préférée, il est donc très important de le traiter.

Le torticolis congénital musculaire est lié à la tension trop importante du muscle SCOM (muscle Sterno Cléido Occipito Mastoïdien) et la réduction est beaucoup plus difficile. Un travail musculaire s’impose rapidement. Dans ce torticolis, il arrive que tuméfaction (également appelée « olive »)  se fasse sentir sur le corps musculaire du SCOM au niveau du 1/3 distal. Elle est rarement visible à la naissance mais se voit dans le courant du 1^ermois. Correctement traitée, elle disparaîtra.

Ce torticolis est beaucoup plus rare et est secondaire à des malformations osseuses retrouvées dans certaines pathologies (dysplasie osseuse , syndrome de KlippelFeil). Il est irréductible et le meilleur kiné et ostéopathe ne pourront rien avec leurs mains. 

L’ostéopathie est une thérapie manuelle qui a pour but de lever toutes les dysfonctions du corps qui l’empêcheraient de fonctionner correctement. L’ostéopathe va alors tester les différentes structures du corps de votre enfant, de la tête aux pieds. Car même si votre bébé présente un torticolis congénital avéré, ce dernier peut être lié à un mauvais positionnement du reste du corps, c’est le cas par exemple dans de nombreux torticolis posturaux. Suite à la position qu’ils avaient dans le ventre de leur mère, certains bébés sont « en virgule » c’est-à-dire en inclinaison de tête mais également de corps du même côté. Traiter le cou sans au préalable avoir traiter le reste revient presqu’à travailler dans le vide.

La précocité de la prise en charge ostéo est importante. Plus vite le petit est pris en charge, plus il est facile d’éviter les répercussions des déséquilibres. C’est la raison pour laquelle il est conseillé de voir les nourrissons le plus rapidement possible, en général au cours de la première semaine. 

Si votre enfant est plus vieux et que vous lisez cet article, ne vous inquiétez pas, ça sera juste plus long à traiter.

Rassurez-vous un ostéopathe spécialisé en pédiatrie utilise des techniques de mobilisation très douces qui ne feront pas mal à votre tout petit. Je vous invite à lire ci-dessous le déroulement d’une consultation ostéopathique pour un bébé.

La prise en charge pluri disciplinaire ostéopathie – kinésithérapie est indispensable. Le travail n’est pas le même et est complémentaire. Les séances de kinésithérapie devront être fréquentes 1 à 3 par semaine en fonction du torticolis. Les séances d’ostéopathie seront beaucoup plus espacées ; par exemple, 1 par mois pour les torticolis sévères, à une par trimestre, tout dépendra des progrès de votre petit et également de votre implication de parents…

La prise en charge en kinésithérapie est indispensable dans les torticolis musculaires et certains torticolis posturaux.

Il est fastidieux d’emmener son enfant chez le kiné mais plus vite son torticolis sera réglé, moindres seront les répercussions alors organisez-vous et accrochez-vous !

Les cas de chirurgie sont extrêmement rares et concernent essentiellement les torticolis osseux qui n’est pas amélioré par les autres traitements.

Le but de tous les exercices est de stimuler la rotation et inclinaison de tête opposée au sens où il met sa tête : Par exemple si votre enfant tourne la tête à gauche, stimulez le pour qu’il la tourne à droite. Dans les conseils ci-dessous, je vais reprendre l’exemple de stimulation de rotation du côté droite

Pour ce faire, vous avez de multiples possibilités et je vous invite à les utiliser au maximum :

Je sais qu’il est très contraignant pour les parents de faire des exercices à leur enfant, en plus de devoir l’emmener à tous ses rendez-vous médicaux. Mais croyez-moi il vaut mieux investir un peu de temps maintenant, dès le début, c’est l’affaire de quelques semaines ou mois tout au plus. Ne prenez pas ces exercices comme une corvée mais servez-vous de cela lorsque vous jouez avec votre petit.

N’hésitez pas à expliquer l’importance de ces exercices à toutes les personnes qui sont en lien avec votre enfant pour qu’eux aussi participent au traitement (frère, sœur, grands-parents mais aussi assistante maternelle, auxiliaire puéricultrice en crêche, etc).

Si votre enfant dort dans votre chambre, tournez le lit de votre bébé (ou votre bébé) de manière à ce que vous soyez du côté où vous voulez que votre enfant tourne la tête. En règle générale, votre bébé tourne la tête pour vous voir et s’endort en vous regardant. Votre bébé tourne la tête à droite, mettez-vous à sa gauche pour qu’il essaie de vous regarder.

Si votre enfant dort dans sa chambre, il aura tendance à tourner la tête vers la porte car il sait que vous arriverez par là. Tournez alors le lit pour le forcer à regarder vers la porte. Dans notre exemple, placez le lit et votre bébé de manière à ce que la porte se retrouve à sa droite.

Lors du biberon, essayez de lui faire très légèrement tourner la tête du côté où vous souhaitez qu’il tourne la tête. N'oubliez pas de bien verticaliser votre enfant.

Lors du bain, placez-vous de manière à ce que vous soyez du côté où vous souhaitez qu’il tourne la tête.

Lorsque vous le changez sur la table à langer, placez votre bébé de manière à ce que du côté où il tourne la tête (gauche dans notre exemple), il n’y ait rien d’intéressant comme un mur. De l’autre côté, vous pouvez placer des éléments qui vont attirer son regard comme des jouets en noir et blancs, ou un poisson lumineux, etc.

Lorsque vous jouez avec votre enfant, placez les jeux et vous-même du côté où vous souhaitez qu’il tourne la tête. N’hésitez pas à demander de l’aide au grand frère ou grande sœur en leur disant de jouer du bon côté.

Quand il est dans le cosi pour la voiture ou allongé sous surveillance, vous pouvez installer un petit calle-tête pour le guider vers le mouvement souhaité tant en inclinaison, qu’en rotation. De même lorsqu'il est dans la nacelle. Evitez de laisser votre enfant trop longtemps dans un maxi cosi, essayez de limiter son usage à la voiture.

Lorsque le bébé dort ou est relâché, avec vos mains délicatement amener sa tête vers l’inclinaison et/ou la rotation souhaitée. Attention à ne pas forcer, juste guidez le avec vos mains. Il refuse, ne vous inquiétez pas, vous réessayerez.

Même en faisant tout ça, votre enfant aura une position préférentielle de tête, il est donc très important de mettre votre enfant dans différentes positions pour éviter l’aplatissement du crâne. Ces conseils s’appliquent à tous les bébés mêmes ceux qui n’ont pas de torticolis congénitaux.

Pour se faire mettez votre bébé sur le côté (des deux côtés) mais préférentiellement celui où il refuse d’aller. Dans notre exemple, allongé votre bébé sur le côté droit. 

Mettez votre bébé un maximum sur le ventre en période d’éveil sous surveillance ! Quand votre bébé dort, il doit être installé sur le dos pour lutter contre la mort subite du nouveau-né mais sous surveillance n’hésitez pas à le mettre sur le ventre. Tout le temps où il sera dans cette position, non seulement son crâner ne s’aplatira pas mais il pourra également lever la tête. Or, les muscles du cou s’insèrent sur l’arrière du crâne sur l’os occiput. Par conséquent, plus votre bébé est sur le ventre, plus il lève la tête et plus il tracte l’occiput permettant ainsi l’effet bombé du crâne. Au Canada, il est préconisé de mettre son bébé sur le ventre au minimum 20 minutes par jour : par exemple, 5 minutes quand on joue, 2 min quand on le change, 3 minutes après le bain, etc.

Un torticolis non traité provoquera un aplatissement du crâne sur la face postérieure du crâne du côté de la rotation de tête dans 70 à 90% des cas. Par exemple, si votre petit tourne majoritairement la tête à gauche le crâne s’aplatira à l’arrière à gauche et ce en à peine quelques semaines.

On pourra également retrouver un front bombé d’un côté (plus bombé au niveau du front du côté de l’aplatissement postérieur du crâne). A moyen terme, tout le corps va s’adapter, une épaule sera plus haute que l’autre, le dos va se pencher. En effet, nous recherchons l’horizontalité du regard pour voir, si la tête n’est pas bien droite, notre corps, notre dos va se « tordre » pour compenser et essayer de faciliter la vue.

Un torticolis congénital pris en charge tôt à une évolution très favorable puisque pris en charge avant 1 mois, on note 98% d’amélioration en 1,5 mois. Un torticolis congénital pris en charge après 6 mois nécessitera un traitement de 10 mois environ pour un même résultat !

Alors n’attendez pas… 

Marie Messager
Ostéopathe spécialisée en pédiatrie
à Versailles Chantiers
78 - Yvelines